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mardi, mars 2 2010

la France potemkine / Chronique N°21

Nicolas Sarkozy, il s'est pas rendu à l'ouverture du salon de l'agriculture. Pourquoi ? Je vais vous le dire (j'écris comme il parle maintenant). Il avait peur qu'on l'embête. Et alors ? Vous aimez bien qu'on vous embête, vous ? L’insécurité, aussi ? Vous êtes de gauche ?

Boss de la République, c'est pas facile comme job. Les gens, ils pourraient donc au moins être un peu sympa avec Nicolas. Déjà qu'il va chercher la croissance avec les dents et qu'il arrête les guerres et les crises tout seul, sans parler du pourboire d'achat qui se lève tôt pour gagner plus avec le bouclier des riches. Il les mérite largement ses deux jours de repos dominical par semaine au Cap Nègre (bientôt rebaptisé Cap de-l'identité-Mamadou-dehors-immédiatement)

Et qu'on ne vienne pas le déranger parce qu'il y a une petite tempête en Charentes hein, parce que quand on n'aime pas les tempêtes, on n'habite pas au bord de l'océan. Et puis à quoi ça sert qu'y vienne lui-même, hein ? Les ministres, ils servent à rien p'têt ?

Pour revenir au salon de l'agriculture, ça vous intéresse, vous, les bouseux avec leurs bestiaux qui poquent du glou ? Et où qu'y sont les pipoles ? Y'en a pas un seul ! Au salon de l'agriculture, les pipoles, c'est des bêtes : les vaches, les cochons et les espèces de poneys blancs qui font des pulls avec leur dos, là.

Et puis il y a les paysans qui sont jamais contents et qui croivent intelligent de la ramener sous prétexte qu'ils ont perdu une bonne partie de leurs misérables revenus tandis que Nicolas, il a augmenté le sien comme ça : hop ! Enfin il y a le public aussi qui vient voir les bêtes avec ses enfants : les vaches, les cochons et puis les oiseaux qui courent avec des bonnets, là, pour faire des œufs.

On dirait que les gens, ils aiment bien les bêtes, peut-être parce qu'elles leur ressemblent. Le problème, c'est que quand Nicolas va quelque part, c'est embêtant qu'il y ait des gens parce que les gens, on sait jamais comment ça va réagir, ça bouge dans tous les sens et ça sait pas tenir sa langue. Par exemple, ils peuvent dire des critiques. Après, Nicolas, ça l'énerve et comme il est chaud comme Bruce Lee, y risque de sortir la boîte à ramponneaux direct.

C'est pour ça que pour ses derniers déplacements, il a préféré prendre des militants UMP de petite taille et des CRS. L'avantage avec des citoyens potemkine*, c'est qu'ils sont beaucoup plus respectueux de la fonction présidentielle et il n'y a même pas besoin de leur dire « cass'toi pauv'con ». Tu fais un geste avec la main et tac, ils s'en vont.

(*) Les "villages Potemkine" sont des villages avec des décors de théâtre que le prince Potemkine aurait fait fabriquer pour éblouir la tsarine Catherine II lors de sa visite en Crimée en 1787.

Et puis les vraies gens, il faut bien dire la vérité, ça fait désordre. C'est pas de leur faute mais c'est comme ça. C’est dommage qu’ils votent parce que sinon, on pourrait s’en passer. Ils sont moches et ils ne savent pas se tenir. Or Nicolas, il a le souci de l'image de la France à l'étranger, c'est d'ailleurs pour ça qu'il se met sur la pointe des pieds quand il y a des photos avec d'autres chefs d'état : il pense à la "grandeur" de la France.

srko-pointe

Donc le mieux pour le salon de l'agriculture, c'est, soit avoir des agriculteurs et un public potemkines soit pas y aller. Logique.

Le seul problème, c’est qu’à force de faire des visites potemkine dans des usines potemkine avec des figurants potemkine et des ministres potemkine pour des télés potemkine, on risque de devenir un peu potemkine soi-même.

Sauf, bien sûr, si on l’est déjà.

lundi, janvier 25 2010

Vous me mettrez un Pernaut. / chronique N°6

PernautCe soir, notre président se livrera à un exercice périlleux face aux caméras féroces de TF1 : il va se faire passer au grill par deux journalistes mondialement connus en France pour leur intransigeance et leur insolence face au pouvoir. Suite à quoi, Nicolas sera livré en pâture à une dizaine de Français assoiffés de sang et sélectionnés par la rédaction de la chaîne de télévision la plus libre du monde.

C’est tout à l’honneur de ce jeune président, moderne et iconoclaste que d’aller, seul et le poitrail offert, affronter le parler vrai du Peuple de France car, tel que je le connais, il y a peu de chances que JP Pernaut, l’incorruptible, fort de l’onction de 7 millions de vraies gens, acquise par des années de dangereux sujets d’investigation au JT de 13h, lui fasse le moindre cadeau.

En effet, Jean Pierre Pernaut, il n’a jamais eu peur de rien, ni de pourfendre les grèves de fonctionnaires surpayés qui prennent en otage leurs honnêtes usagers, ni de dénoncer l’augmentation du prix du fioul, encore moins de faire trembler les chaumières pour mettre en garde les forces vives de la nation (qui ont le temps de regarder la télé à 13h) contre les ravages de la grippe A chez les artisans qui fabriquent encore des santons à la main.

La vérité, toujours ! fut-elle dure à entendre, telle est la maxime de cet Albert Londres moderne et impitoyable qui, à force de ne jamais flatter les bas instincts du peuple, a su acquérir son profond et durable respect.

Notre président est quand même une sacrée putain de tête brûlée. Tel un vrai président américain, il va s’élancer, muni de son courage et du glaive acéré de la vérité nue, en plein dans la cage aux fauves. Il pourra enfin rendre à la fonction présidentielle son honneur souillé par des années de communication démagogique et de mises en scènes indignes de notre identité nationale, à nous, Français, inventeurs de la démocratie (à part les Grecs et les Américains), à nous, le Peuple de la Vérité.

Et remets-moi un Pernod à moi aussi, tiens.

jeudi, janvier 21 2010

Tu veux le numéro de ma burqa ? / chronique N°4

C’est fascinant, une burqa quand même, quand on y pense. Ça pourrait avoir sa place dans un donjon sadomaso, à côté des masques en latex et autres joyeusetés - sauf que là, c'est fait pour être porté en public. A la cool, si j’ose dire. Une burqa, c’est fait pour cacher, oui, mais pour cacher quoi ? Pour cacher ce sein que je ne saurais voir ? En quelque sorte.

D’ailleurs, nous, les occidentaux, avons aussi des choses à cacher. Pour faire simple, on cache ses parties génit… enfin… heu… on cache son sexe, quoi. Parce que c’est un peu intime, ce genre de choses, voyez ? C’est un peu obscène, limite cochon. Les Papous ou certains Indiens amazoniens, par contre, se baladent complètement à poil. Ils s’en branlent, eux, de leurs parties. Hum, hum.

En Afghanistan, non ! On planque tout, enfin, chez les femmes surtout. Pourquoi ? Parce que les femmes excitent les hommes (ces salopes) répond le docte taliban. Son jeune correspondant djihadiste saoudien confirme, l’air grave.

Explication : tout le monde sait que les hommes sont bons et innocents et qu'ils font plein de chouettes trucs religieux sans penser à mal tandis que les femmes, elles, a font rien qu’à les exciter avec leurs coudes, leur nez ou avec n’importe quoi d’autre qui leur tombe sous la main. Ça n’est pas très sympa.

Du coup, après, ces pauvres hommes sont tout excités, tout part en couille et l’on risque fort de se retrouver au beau milieu d’une partouze générale, au lieu de prier chastement afin de gagner sa place au paradis – lui même bourré de jeunes vierges et où il devrait y avoir moyen d’organiser une partouze générale aussi.

Alors un jour, un gars, probablement très religieux et un peu malade du slip, a trouvé la solution. Pour empêcher les femmes, cette sale race, de nous exciter en permanence avec leur corps… heu… humain, il a inventé une sorte de maxi culotte de grand-mère en coton pour couvrir toutes leurs parties intimes. Et comme sa femme était complètement intime avec lui, pouf ! il a inventé la burqa - ou culotte totale - sorte d’immense slip externe, à porter par dessus ses vêtements et même, par dessus la tête. Comme ça, hop, fini les gaules intempestives !

Burqas

C’est ça qu'il voulait nous dire, mon taliban : que la femme est un sexe et qu’elle n’est que ça (sauf maman). C’est une foufoune ambulante et une foufoune, ça se met dans une culotte. CQFD.

Le problème, c’est que, si c’était vrai et que les femmes n'étaient qu'un sexe, nous ne serions pas des millions d'hommes à entendre régulièrement : « pas ce soir, chéri, j’ai la migraine ». Donc, c’est faux. Et pourtant je vous jure que ces soirs-là, j’aimerais bien qu'ils aient aient raison, les talibans.

Mais bon, en même temps, ça ne me plairait pas trop que ma femme se balade avec sa culotte sur la tête.

dimanche, janvier 17 2010

F.I.F. : Français d'Identité Française / chronique N°1

Et ben moi, les filles et les gars, j'ai une putain de belle identité nationale. Et ce qui est encore plus fort, c’est que je l’ai depuis toujours mais que je n'avais jamais remarqué avant. Du jour où je l'ai su, je suis allé regarder ma tête dans la salle de bain et là, oui, indubitablement, j’avais changé : d’un seul coup, j’avais l’air beaucoup plus Français qu’avant. J’ai entendu la Marseillaise résonner dans le siphon du lavabo.

Quand je pense que j’aurais pu continuer comme ça pendant des années, à ignorer mon identité nationale… ou pire : j’aurais pu l’apprendre à la toute fin de ma vie, voire sur mon lit de mort. J’imagine bien la scène : je suis pâle mais je m’endors heureux, satisfait d’une vie honnêtement accomplie et heureux de savoir qu’on va bientôt me fiche la paix pour l’éternité gratuitement et là, un petit salopard de ma propre famille, vexé sans doute que je ne lui laisse pas le moindre kopek, me glisse à l’oreille : Pépé, je dois te dire un terrible secret : tu savais que, pendant toute ta vie, tu avais eu une identité nationale à ta disposition ? Vertige ! mon dernier soupir gâché par un immense regret. Je suis désespéré, d’un coup, je ne veux plus mourir, je m’accroche à la vie, je me débats, je bave et me demande : quoi ? Pourquoi personne ne m’a jamais rien dit ? Et je meurs dans un affreux rictus en pensant à toutes les choses merveilleuses que j’aurais pu faire avec mon identité nationale – si j’avais su.

Je remercie donc messieurs Besson et Sarkozy de m’avoir éclairé tant qu’il en était encore temps. Je mourrai moins con. Depuis ce matin, je suis donc un FIF, un Français d’identité française. J’appartiens à l’élite : je suis non seulement Français mais en plus, moi, j’ai une identité nationale. Je ne suis pas comme tous ces mauvais Français qui pensent qu’on peut se contenter d’avoir la nationalité française et pas le reste.

Ça me rappelle une époque, je ne sais plus laquelle, où il y avait les bons Français dont je fais partie, excusez du peu, et les autres qui étaient des étrangers français, sortes de traîtres et avec lesquels il a fallu un peu mettre les choses au point grâce à l’aide de nos amis allemands. Malheureusement, on dirait que ça n’a servi de leçon à personne.

Ça n'a donc servi de leçon à personne.