Nicolas Sarkozy, il s'est pas rendu à l'ouverture du salon de l'agriculture. Pourquoi ? Je vais vous le dire (j'écris comme il parle maintenant). Il avait peur qu'on l'embête. Et alors ? Vous aimez bien qu'on vous embête, vous ? L’insécurité, aussi ? Vous êtes de gauche ?

Boss de la République, c'est pas facile comme job. Les gens, ils pourraient donc au moins être un peu sympa avec Nicolas. Déjà qu'il va chercher la croissance avec les dents et qu'il arrête les guerres et les crises tout seul, sans parler du pourboire d'achat qui se lève tôt pour gagner plus avec le bouclier des riches. Il les mérite largement ses deux jours de repos dominical par semaine au Cap Nègre (bientôt rebaptisé Cap de-l'identité-Mamadou-dehors-immédiatement)

Et qu'on ne vienne pas le déranger parce qu'il y a une petite tempête en Charentes hein, parce que quand on n'aime pas les tempêtes, on n'habite pas au bord de l'océan. Et puis à quoi ça sert qu'y vienne lui-même, hein ? Les ministres, ils servent à rien p'têt ?

Pour revenir au salon de l'agriculture, ça vous intéresse, vous, les bouseux avec leurs bestiaux qui poquent du glou ? Et où qu'y sont les pipoles ? Y'en a pas un seul ! Au salon de l'agriculture, les pipoles, c'est des bêtes : les vaches, les cochons et les espèces de poneys blancs qui font des pulls avec leur dos, là.

Et puis il y a les paysans qui sont jamais contents et qui croivent intelligent de la ramener sous prétexte qu'ils ont perdu une bonne partie de leurs misérables revenus tandis que Nicolas, il a augmenté le sien comme ça : hop ! Enfin il y a le public aussi qui vient voir les bêtes avec ses enfants : les vaches, les cochons et puis les oiseaux qui courent avec des bonnets, là, pour faire des œufs.

On dirait que les gens, ils aiment bien les bêtes, peut-être parce qu'elles leur ressemblent. Le problème, c'est que quand Nicolas va quelque part, c'est embêtant qu'il y ait des gens parce que les gens, on sait jamais comment ça va réagir, ça bouge dans tous les sens et ça sait pas tenir sa langue. Par exemple, ils peuvent dire des critiques. Après, Nicolas, ça l'énerve et comme il est chaud comme Bruce Lee, y risque de sortir la boîte à ramponneaux direct.

C'est pour ça que pour ses derniers déplacements, il a préféré prendre des militants UMP de petite taille et des CRS. L'avantage avec des citoyens potemkine*, c'est qu'ils sont beaucoup plus respectueux de la fonction présidentielle et il n'y a même pas besoin de leur dire « cass'toi pauv'con ». Tu fais un geste avec la main et tac, ils s'en vont.

(*) Les "villages Potemkine" sont des villages avec des décors de théâtre que le prince Potemkine aurait fait fabriquer pour éblouir la tsarine Catherine II lors de sa visite en Crimée en 1787.

Et puis les vraies gens, il faut bien dire la vérité, ça fait désordre. C'est pas de leur faute mais c'est comme ça. C’est dommage qu’ils votent parce que sinon, on pourrait s’en passer. Ils sont moches et ils ne savent pas se tenir. Or Nicolas, il a le souci de l'image de la France à l'étranger, c'est d'ailleurs pour ça qu'il se met sur la pointe des pieds quand il y a des photos avec d'autres chefs d'état : il pense à la "grandeur" de la France.

srko-pointe

Donc le mieux pour le salon de l'agriculture, c'est, soit avoir des agriculteurs et un public potemkines soit pas y aller. Logique.

Le seul problème, c’est qu’à force de faire des visites potemkine dans des usines potemkine avec des figurants potemkine et des ministres potemkine pour des télés potemkine, on risque de devenir un peu potemkine soi-même.

Sauf, bien sûr, si on l’est déjà.