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mardi, mars 2 2010

la France potemkine / Chronique N°21

Nicolas Sarkozy, il s'est pas rendu à l'ouverture du salon de l'agriculture. Pourquoi ? Je vais vous le dire (j'écris comme il parle maintenant). Il avait peur qu'on l'embête. Et alors ? Vous aimez bien qu'on vous embête, vous ? L’insécurité, aussi ? Vous êtes de gauche ?

Boss de la République, c'est pas facile comme job. Les gens, ils pourraient donc au moins être un peu sympa avec Nicolas. Déjà qu'il va chercher la croissance avec les dents et qu'il arrête les guerres et les crises tout seul, sans parler du pourboire d'achat qui se lève tôt pour gagner plus avec le bouclier des riches. Il les mérite largement ses deux jours de repos dominical par semaine au Cap Nègre (bientôt rebaptisé Cap de-l'identité-Mamadou-dehors-immédiatement)

Et qu'on ne vienne pas le déranger parce qu'il y a une petite tempête en Charentes hein, parce que quand on n'aime pas les tempêtes, on n'habite pas au bord de l'océan. Et puis à quoi ça sert qu'y vienne lui-même, hein ? Les ministres, ils servent à rien p'têt ?

Pour revenir au salon de l'agriculture, ça vous intéresse, vous, les bouseux avec leurs bestiaux qui poquent du glou ? Et où qu'y sont les pipoles ? Y'en a pas un seul ! Au salon de l'agriculture, les pipoles, c'est des bêtes : les vaches, les cochons et les espèces de poneys blancs qui font des pulls avec leur dos, là.

Et puis il y a les paysans qui sont jamais contents et qui croivent intelligent de la ramener sous prétexte qu'ils ont perdu une bonne partie de leurs misérables revenus tandis que Nicolas, il a augmenté le sien comme ça : hop ! Enfin il y a le public aussi qui vient voir les bêtes avec ses enfants : les vaches, les cochons et puis les oiseaux qui courent avec des bonnets, là, pour faire des œufs.

On dirait que les gens, ils aiment bien les bêtes, peut-être parce qu'elles leur ressemblent. Le problème, c'est que quand Nicolas va quelque part, c'est embêtant qu'il y ait des gens parce que les gens, on sait jamais comment ça va réagir, ça bouge dans tous les sens et ça sait pas tenir sa langue. Par exemple, ils peuvent dire des critiques. Après, Nicolas, ça l'énerve et comme il est chaud comme Bruce Lee, y risque de sortir la boîte à ramponneaux direct.

C'est pour ça que pour ses derniers déplacements, il a préféré prendre des militants UMP de petite taille et des CRS. L'avantage avec des citoyens potemkine*, c'est qu'ils sont beaucoup plus respectueux de la fonction présidentielle et il n'y a même pas besoin de leur dire « cass'toi pauv'con ». Tu fais un geste avec la main et tac, ils s'en vont.

(*) Les "villages Potemkine" sont des villages avec des décors de théâtre que le prince Potemkine aurait fait fabriquer pour éblouir la tsarine Catherine II lors de sa visite en Crimée en 1787.

Et puis les vraies gens, il faut bien dire la vérité, ça fait désordre. C'est pas de leur faute mais c'est comme ça. C’est dommage qu’ils votent parce que sinon, on pourrait s’en passer. Ils sont moches et ils ne savent pas se tenir. Or Nicolas, il a le souci de l'image de la France à l'étranger, c'est d'ailleurs pour ça qu'il se met sur la pointe des pieds quand il y a des photos avec d'autres chefs d'état : il pense à la "grandeur" de la France.

srko-pointe

Donc le mieux pour le salon de l'agriculture, c'est, soit avoir des agriculteurs et un public potemkines soit pas y aller. Logique.

Le seul problème, c’est qu’à force de faire des visites potemkine dans des usines potemkine avec des figurants potemkine et des ministres potemkine pour des télés potemkine, on risque de devenir un peu potemkine soi-même.

Sauf, bien sûr, si on l’est déjà.

vendredi, février 19 2010

Marianne en cloque / Chronique N°18

Ce matin, je suis tombé sur une pub avec Marianne, toute de blanc vêtue et enceinte jusqu'aux yeux. Avec qui est-elle encore allé traîner, celle-là ?

Et moi qui croyais que Marianne, incarnation de la République, telle une antique Diane chasseresse, ne couchait avec personne, j'ai été très déçu. Mais bon, on dirait que la République a un peu changé, ces derniers temps. Peut-être s'est-elle laissée séduire par un quelconque bonimenteur ?

Quel est le petit saligaud qui l'a foutue en cloque ? Et pourquoi n'est-il pas sur la photo ? il pourrait au moins assumer, le gars. Moi, personnellement, Marianne, je m'en fiche, elle est assez grande : elle fait ce qu'elle veut avec son cul, comme on dit vulgairement, mais avec tous les problèmes qu'il y a en France en ce moment, est-ce que c'est vraiment le moment d'avoir un gosse ? Et avec quoi elle va l'élever, hein ? Ah, c'est sûr, c'est beau, la liberté mais bon, c'est pas en guidant le peuple qu'on boucle les fins de mois.

Ni avec des dettes qu'on élève des enfants.

Et surtout j'aimerais bien que le type qui a fait ça prenne ses responsabilités parce que, de nos jours, élever un enfant toute seule, je ne le souhaite à aucune femme. Ni à aucun enfant. Un gamin à élever, c'est quand même mieux si on est deux - ne serait-ce qu'au niveau de travailler plus pour gagner plus.

marianne Bref, je sens que c'est encore nous qu'on va payer.

Et puis il ya le message : la France investit dans son avenir. Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Que le gamin est un investissement ? Parce que vous pensez que c'est ce gamin va payer nos retraites ? Vous rêvez.

Ou alors ça veut dire qu'il faut investir dans le gamin ? certainement pas : m'en fous, moi, c'est pas mon gosse.

Je veux savoir qui est le père.

D'ailleurs, on dirait que le type qui a fait ça a laissé un indice, regardez bien la photo : normalement, Marianne porte un bonnet phrygien, un bonnet rouge, OK ? Or là, elle ne le porte plus. A la place, elle porte un bonnet blanc.

Un bonnet blanc, ça ne vous fait penser à rien ?

La République Française s'est faite niquer par un Schtroumpf.

mercredi, février 17 2010

Aux frontières du réel / Chronique N°16

Depuis le début de l'année 2010, selon la Cimade, 32 Marocains ont été expulsés alors qu'ils rentraient chez eux. Vous avez bien lu : on les a empêché de partir pour pouvoir les expulser. Il faut savoir qu'une expulsion (avec rétention, escorte et voyage) coûte en moyenne 20 000 € au contribuable français, ce qui fait un peu mal au c... porte monnaie quand on sait que ces personnes rentraient chez elles à leurs frais.

Quelques journalistes mal intentionnés accusent la politique du chiffre mise en place par le président de la république (et des médias) qui pousserait les gardiens de la paix à privilégier la calculette plutôt que l'intérêt général, un peu à la manière des soviétiques qui faisaient n'importe quoi pourvu que les chiffres soient bons : nos policiers s'arrangeraient avec la réalité.

Vous y croyez, vous ? Non, soyons sérieux ! vous pensez vraiment que d'honnêtes agents de la Police Nationale feraient un truc comme ça ? A 20 000 € par tête de pipe ? Chaque policier sait bien que le prix d'un Marocain en commissariat n'est pas aussi élevé.

Ou alors c'est qu'il y a une autre raison. Réfléchissons : si les agents ont arrêté des Marocains qui partaient - dans le but de les empêcher de partir - pour pouvoir les faire repartir juste après - c'est qu'il y avait une raison. Forcément.

Laquelle ? Les policiers ne voulaient pas que les Marocains partent par leurs propres moyens, OK. Ils voulaient les faire partir eux-même. Pourquoi ? A mon avis, c'est parce que ces Marocains-là partaient mal : ils avaient fait un mauvais départ, ce qui a obligé les policiers à les sanctionner comme pour une finale de 100m.

Il fallait donc les arrêter afin de les faire repartir correctement ensuite. D'ailleurs, il est normal que la police nationale remette les gens qui sont mal partis dans le droit chemin, non ?

Il s'agit d'une œuvre éducative à destination des étrangers ; il faut leur apprendre à partir, oui, mais avec du style : "Oyez Messeigneurs les galantes manières qu'il convient d'adopter pour quitter notre belle terre de France".

C'est important, une frontière, merde ! Ça ne se passe pas n'importe comment ! Ce n'est peut-être qu'une ligne mais, quand on voit le nombre de gens qui sont morts pour la garder, on se dit que la vie, finalement, c'est toujours une histoire de régime (on relit, il y a une blague).

A mon avis, ils ont dû tomber sur des marocains qui passaient la frontière n'importe comment, par dessus la jambe, si j'ose dire. Par exemple, imaginez qu'il y en ait un qui passe la frontière en moonwalk, comme Michael Jackson.

moonwalk

Vous êtes policier, que faites-vous ? Vous intervenez pour le faire ressortir ! normal : le type passe la frontière dans le mauvais sens, à reculons. Alors, vous lui demandez ses papiers et là, stupeur, le type n'est pas que Marocain, en plus, il est ressortissant marocain : allez hop, c'est tout vu !

D'où il ressort qu'on ne peut pas laisser un ressortissant qui sort à son sort, c'est sûr. Alors on s'en sort en coupant le ressortissant dans son essor vers la sortie, puis on le ressort de sorte qu'il sorte assorti d'une bonne paire d'agents de police.

Bref, tout ça n'a rien à voir avec la politique du chiffre non ! Tout ça, c'est du spectacle ; il en va de des policiers comme des comédiens, au théâtre : il faut apprendre à réussir ses sorties.

mardi, février 16 2010

Besson d'un ton / Chronique N°15

C'est dégueulasse de se moquer d'Eric Besson parce que son "Grand Débat sur Y'en a Marre des Noirs et des Ara..." heu... pardon, sur "l'Identité Nationale" était, certes, une diversion pourrie, malsaine, électoraliste, tendancieuse, démagogique - et je m'arrête là parce qu'on pourrait en mettre une page - mais bon, personnellement, je trouve que ce "débat" a été utile.

Besson.jpg

Avant de le juger coupable, j'aimerais qu'on y regarde de plus près :

Première circonstance atténuante : il est plutôt logique qu'Eric Besson, qui eut par le passé de forts problèmes d'identité politique, soit obnubilé par ce sujet - et que celui qui n'a jamais trahi les siens en pleine bataille lui jette la première veste réversible.

Deuxième circonstance atténuante : avant de lancer le débat, Eric a fait de son propre couple un véritable laboratoire puisque sa compagne est une étudiante d'origine tunisienne de 22 ans. Notre coq Rico sait donc de quoi il parle. Putain, 22 ans ! 30 ans d'écart...

La contribution d'Eric à notre Identité Nationale (pour peu qu'elle existe) va bien au delà de ce fameux grand débat qui fut plutôt une enfilade de petites perles racistes contre les Noirs et les Arabes (mais rien contre les Danois, ce qui m'a terriblement déçu car je suis profondément anti Danois), elle nous a montré bien d'autres choses :

Ce que le Grand Débat sur l'Identité Nationale nous aura prouvé, c'est que les Français, dans leur immense majorité et quelles que soient leurs origines, n'en avaient absolument rien à branler et ne sont pas tombés dans le panneau.

Je voudrais donc qu'on admette que notre Ricounet nazional a quand même réussi un sacré tour de force que peu d'hommes politiques avaient réussi avant lui : il nous a unis.

Je lui adresse donc mes félicitations et j'ajoute :

Notre (vraie) identité nationale, cher M. Besson, c'est qu'on vous emmerde.

Tous. (ou presque)

lundi, février 1 2010

Burqa : le port de l'angoisse / chronique N°11

Enfin ! Il était temps que le gouvernement s'attaque enfin aux vrais problèmes. Et le fait que les élections régionales approchent ne doit rien y changer.

Le problème du port de la burqa qui inquiète à juste titre nos concitoyens âgés et/ou conservateurs fait des ravages jusque dans nos centre-villes, songez : il n’est plus un seul jour où, dans la rue, je ne croise l’un de ces fantômes moyenâgeux, glissant sur le sol tel un spectre...heu... moyenâgeux aussi - et portant dans les plis de son ample prison de toile les sanglots millénaires de femmes asservies sous le joug barbare de croyances immigrées.

Et attention : il ne s'agit pas ici de quelques centaines de sympathiques et pittoresques musulmanes comme celles des clips de Michel Sardou, non ! Des citoyennes bien de chez nous pourraient succomber aux sirènes barbues qui mordent la main qui leur donne à manger le pain des Français :

Par exemple, ma propre Mémé dit que c’est sympa d’avoir un habit qui fait tout en même temps, surtout en hiver. « Ça m’évite de prendre le manteau, l’écharpe, le bonnet, les gants, dit-elle. Ça fait tout en même temps, comme un couteau suisse. Et puis comme ça, je peux descendre acheter le pain en cheveux. »

Et Dieu dans tout ça, Mère Grand ? « Dieu ? Oh ! De toute façon, quand je mets ma burqa, personne ne voit que je suis catholique. »

Ma propre sœur m'a dit : « toutes mes copines gothiques en ont une à l’école alors, forcément, ça m’a donné envie d’essayer moi aussi. C'est la mode : les tournantes, c'est fini, c'est ringard ; les garçons, maintenant, y préfèrent les filles en burqa. Par contre, le niqab, non. Ça, je mettrai jamais, franchement, ça fait trop chiennasse : on voit tout tes yeux. »

Et Dieu dans tout ça, ma sœur ? « Dieu ? Et ben grâce à ma burqa, je peux gauler des trucs à la librairie religieuse sans me faire pécho. Après je les revends et je m'achète du poppers. »

Quant à Maman, elle m’a avoué que depuis que papa lui avait offert une burqa pour Noël, ça avait remis du piment dans leur couple : « ton père ne me regarde plus comme avant, m’a-t-elle avoué, il est beaucoup plus amoureux de moi et il m'a promis qu'il m'emmènerait à une soirée burqa avec d'autres couples libres. Je ne sais pas ce que c'est mais ça me changera. »

Et Dieu dans tout ça, Mère ? « Justement, ton père m’a dit : Dieu reconnaîtra la sienne. Et il a rigolé. »

Ma tante s’est aussi acheté une burqa imperméable avec un auvent et une moustiquaire (elle adore la randonnée) et mon cousin m'a confié qu'il ne voyait pas pourquoi ce serait réservé aux filles (mon cousin marche au voile et à la vapeur).

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Et voilà comment l’obscurantisme gagne peu à peu notre belle société. Et voilà pourquoi, tel James Bond, il nous faut sans tarder terrasser ce spectre !

Alors oui, certes, il y a aussi 600 000 enfants mal logés en France et 300 SDF qui meurent dans la rue chaque années (contre 1seul en Allemangne) mais bon, ça ne date pas d'hier et puis surtout, ce n'est quand même pas comparable, hein.

Là, c'est notre identité nationale* qui est en jeu, quand même.

(*) ou plutôt : notre identité nationale de droite avant les élections

lundi, janvier 25 2010

Là-bas si j’y suis pas / chronique N°6

vincent-peillon.jpg

Aujourd’hui, je voudrais revenir sur une question cruciale de communication politique : comment dire aux gens qu’on n’est pas quelque part ? Je sais, c’est bizarre comme question mais bon, ça peut arriver (et aussi, il faut croire que certains n’ont que ça à foutre).

Reprenons : pour faire savoir à tout le monde qu’on participe à un débat sur l’identité nationale, le plus simple, c’est… heu… d’y participer. Ça, c’est fastoche. C'est ce qu'ont fait Eric Besson et Marine machin (comment s'appelle-t-elle déjà ?)

Ce qui est compliqué, c’est si on trouve que le débat il est tout pourri et qu’on se dit qu’on ne devrait pas y aller... mais qu’on voudrait bien quand même que tout le monde sache qu'on n'y est pas allé, justement parce qu'on trouve que le débat est tout pourri.

Ben oui : si on refuse l’invitation, c’est embêtant parce que la télé invite quelqu’un d’autre (par exemple l’un de vos concurrents à la prochaine présidentielle) et, du coup, le type fait le malin à votre place et récolte les lauriers éventuels (malgré le débat tout pourri).

Pendant ce temps, personne ne sait que vous avez été super classe en refusant de participer à un débat tout pourri et ça, franchement, c’est hyper frustrant, surtout si vous vous appelez Vincent Peillon. La politique de la chaise vide, pour que ça fonctionne, hein, eh ben il faut pas qu’il y ait quelqu’un d’autre sur la chaise. Logique.

Donc, en gros, Vincent, il veut bien refuser les débats tous pourris, mais à condition que tout le monde le sache. Il veut bien être chevaleresque, voyez, mais pas anonymement.

Alors il faut innover. Faut créer du neuf, trouver une figure de communication adaptée, sorte d'esquive subtile et fourdroyante, un truc digne d’un grand maître d'aïkido. Nous baptiserons cette nouvelle figure le « vas voir là-bas si j’y suis… pas. » en l'honneur de Vincent.

Et voilà cette sublime figure : je dis à tout le monde que j’y vais et, au dernier moment, hop ! j’y vais pas, comme ça on n’a pas le temps de me remplacer par quelqu’un d’autre. Et nananaire, je vous ai bien eus (poil au cul).

Sauf que ça n’a pas trop marché : Vincent, il s’est fait choper. Il a cru qu’il pourrait avoir le beurre (de l’identité nationale), l’argent du beurre (de l’audimat) et le cul de la crémière (blonde – je ne pense à personne en particulier, les crémières sont souvent blondes) et, au lieu de passer pour un chevalier blanc, il est surtout passé pour un type vulgaire qui prend légèrement les gens pour des cons, surtout la madame Arlette qui l'avait invité et qui avait l'air encore plus déshydratée de l'intérieur que d'habitude.

Et c’est ça, finalement, le problème, avec les débats tous pourris : ça rend les gens vulgaires.

Vous me mettrez un Pernaut. / chronique N°6

PernautCe soir, notre président se livrera à un exercice périlleux face aux caméras féroces de TF1 : il va se faire passer au grill par deux journalistes mondialement connus en France pour leur intransigeance et leur insolence face au pouvoir. Suite à quoi, Nicolas sera livré en pâture à une dizaine de Français assoiffés de sang et sélectionnés par la rédaction de la chaîne de télévision la plus libre du monde.

C’est tout à l’honneur de ce jeune président, moderne et iconoclaste que d’aller, seul et le poitrail offert, affronter le parler vrai du Peuple de France car, tel que je le connais, il y a peu de chances que JP Pernaut, l’incorruptible, fort de l’onction de 7 millions de vraies gens, acquise par des années de dangereux sujets d’investigation au JT de 13h, lui fasse le moindre cadeau.

En effet, Jean Pierre Pernaut, il n’a jamais eu peur de rien, ni de pourfendre les grèves de fonctionnaires surpayés qui prennent en otage leurs honnêtes usagers, ni de dénoncer l’augmentation du prix du fioul, encore moins de faire trembler les chaumières pour mettre en garde les forces vives de la nation (qui ont le temps de regarder la télé à 13h) contre les ravages de la grippe A chez les artisans qui fabriquent encore des santons à la main.

La vérité, toujours ! fut-elle dure à entendre, telle est la maxime de cet Albert Londres moderne et impitoyable qui, à force de ne jamais flatter les bas instincts du peuple, a su acquérir son profond et durable respect.

Notre président est quand même une sacrée putain de tête brûlée. Tel un vrai président américain, il va s’élancer, muni de son courage et du glaive acéré de la vérité nue, en plein dans la cage aux fauves. Il pourra enfin rendre à la fonction présidentielle son honneur souillé par des années de communication démagogique et de mises en scènes indignes de notre identité nationale, à nous, Français, inventeurs de la démocratie (à part les Grecs et les Américains), à nous, le Peuple de la Vérité.

Et remets-moi un Pernod à moi aussi, tiens.

vendredi, janvier 22 2010

Super Grand Patron / chronique N°5

BigBoss2iemeSerie22_22042006.jpg J’ai bien réfléchi : un Grand Patron, c’est comme un super héros - à part que le super héros sauve la veuve et l’orphelin au péril de sa vie tandis que le grand patron n’en a strictement rien à foutre au péril de rien - sauf si la veuve est actionnaire de sa boîte. Mais à part ça, c’est pareil : comme les super héros, les Grand Patrons ont aussi de super pouvoirs.

Prenez Henri Proglio, par exemple : lui, c’est très simple, il peut se couper en deux. C’est ça son truc. Et ça ne lui fait même pas mal, rien, pas la moindre goutte de sang. Il dit une formule magique bizarre tout haut, comme ça : « Sé-pa-ra-tion des pou-voir ! » et hop ! voilà deux demi Proglio à la place d’un seul !

Du coup, c’est hyper pratique parce qu’il peut diriger EDF et Véolia en même temps.

Ainsi, tous les matins, la partie droite de Proglio peut partir - à cloche-pied - manager Véolia, tandis que la gauche rejoint EDF, à cloche pied également. Comme ça, MM. Pro et Glio peuvent travailler, chacun de leur côté et ce, 24 heures sur 24 car, c’est bien connu, un Grand Patron ne dort pas. Et c’est normal puisque ça ne rapporte rien. Au pire, quand un Grand Patron est un peu fatigué, il ordonne à l’un de ses assistants de dormir à sa place et comme ça, hop ! pendant ce temps, il peut continuer à licencier des gens.

Tout ça pour vous dire qu’un homme capable de travailler 48h sur 24, c’est un peu normal de ne pas le payer au SMIC.

J’entends également des mauvaises langues dire qu’il y aurait des conflits d’intérêt entre Véolia et EDF. Et alors ? Quand il y a un conflit quelque part, il faut bien le résoudre non ? Vous préféreriez qu’on envoie les casques bleus ? Non ?

Alors quoi de mieux qu’un Super Patron, défenseur de la justice et de la liberté pour ramener la paix entre ces garnements ? Mmmh ?

Un autre super pouvoir du Grand Patron, c’est qu’il est quasiment indestructible. Par exemple, quand la société qu’il pilote s’écrase en flammes, tout le monde a peur, sauf lui. Lui, il dit à ses salariés, l’air grave : « j’ai été extrêmement honoré de travailler avec vous, les gars. » puis, tout ému, il ouvre la fenêtre de son bureau et, farouche, il plonge dans la nuit avec son parachute doré vers de nouvelles aventures.

Il est un peu embêté d’avoir fait des bêtises avec la vie des gens, bien sûr, mais bon, c’est que des gens après tout, hein.

Ensuite, il retourne à la base secrète des Grands Patrons. Ses copains le gourmandent un peu ; par exemple, il lui disent : « petit canaillou, va ! » mais après, ils lui confient un autre poste de Grand Patron parce que ce n’est pas bien de profiter de la faiblesse d’un copain.

Et puis ça peut arriver à tout le monde de planter une boîte du Cac 40 de temps en temps.

Tout ça pour vous dire que je ne comprends pas bien les stériles polémiques sur la double casquette - et le double salaire de M. Proglio. Les gens sont jaloux, que voulez-vous ? Ils n’y connaissent rien alors que moi, je collectionne toutes les vignettes de Grands Patrons sur mon album Panini et que, oui, je peux vous assurer qu’ils ne sont pas comme nous : ils sont d'un autre monde.

                                                   *

« Si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, ils se révolteraient vite. » Talleyrand.

mardi, janvier 19 2010

Les deux cons (de journalistes enlevés en Afghanistan) / chronique N°3

Qu’est-ce que c’est encore que ces deux cons ? Est-ce qu’on n’a donc rien d’autre à foutre que d’aller traîner dans ces pays-là, quand on est journaliste à France 3 ?

L’Afghanistan, franchement ! Un pays pourri, sec comme l’œil d’un homme politique en train de trahir ses amis. Des tribus moyenâgeuses qui se massacrent allègrement pour rigoler. Des petite tentes molles de camping bleues qui marchent toutes seules en tenant des enfants par la main. Un peuple pas fair-play du tout, et qui utilise ses montagnes pelées pour empêcher les chars de nos belles armées démocratiques modernes de charger à fond de train ses hordes de bouseux en pyjama avec des bonnets ridicules. Des gourous illuminés qui envoient des gamins sauter dans des attentats suicide au lieu de venir nous le dire en face.

De la poussière en été. De la neige en hiver. Et quelques petits gars bien de chez nous qui tombent de temps à autre sur ce champ de déshonneur face à un ennemi qu’ils n’ont souvent même pas vu. Et surtout, pas le moindre people ! Pas de yacht ! Pas de Fouquet’s ! Pas de champagne !

Qu’est-ce qu’on peut bien aller chercher comme scoop, en Afghanistan alors que notre président a tant d’annonces, de déclarations et de voyages de presse à faire ici, en France ? Toute ces belles choses qui mériteraient pourtant bien plus l’attention des journaleux que ce pauvre désert sans intérêt. Quoi d'intéressant ?

Oh oui, bien sûr, il y a des soldats français qui meurent là-bas mais bon, hein, les soldats, faut bien qu’il en meure un peu de temps en temps sinon ça ne fait pas sérieux, comme conflit, ça fait paint ball. Mais de là à aller fureter en Afghanistan sous prétexte qu’on est journaliste, aucun intérêt. La curiosité, je ne suis pas contre mais alors là, franchement, c’est déplacé. On a envoyé du pognon, des soldats, on tue un peu des gens, normal, c’est la guerre et puis voilà, c’est tout. Ça intéresse les gens, ça ?

En plus, les deux cons qui se sont fait enlever, il va falloir aller les chercher, maintenant. Et ça va coûter bonbon.

Comme le disait si bien notre président, « les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore les bandits, eux, ont une morale. » Pas faux, ce qu’il dit, notre Nicolas. Du coup, ce serait quand même assez tentant de les laisser sur place, non ? On pourrait très bien laisser aux pouilleux de là-bas le soin de leur cracher à la gueule et de leur marcher dessus à notre place, non ?

Et bien, non. Sous prétexte qu’on est une démocratie, il va falloir les ramener, les deux cons, pour bien montrer qu’une démocratie repose sur la liberté d’information et que nos ressortissants, on y tient. Et puis surtout, on ne va quand même pas laisser à ces clodos le plaisir de leur marcher sur la gueule à notre place, question de standing international.

Putain ! On aurait pourtant pu leur en donner, du scoop, ici : il suffisait de demander à l’Elysée.

En tout cas, si jamais on les retrouve en un seul morceau, c’est le cas de le dire, on fera une petite cérémonie vite fait et puis hop ! on leur remarchera sur la gueule. Au prix que ça nous aura coûté, on ne va pas se gêner.

lundi, janvier 18 2010

F.I.F. : Français d'Identité Française 2 / chronique N°2

Je voudrais remercier M. Besson de nous avoir donné l'identité nationale, cet infaillible concept pour reconnaître les Français qui n'ont de français que le nom, ces Français étrangers, ces traîtres.

Franchement, je pense qu’on peut lui faire confiance, à Besson, pour débusquer les traîtres. Et si jamais il se trompait, Nicolas Sarkozy ne s’y tromperait pas, lui. L’étranger sournoisement dissimulé sous sa nationalité française peut éventuellement tromper un expert mais pas deux à la suite, c’est impossible. On dit souvent que nos hommes politiques sont des incapables mais pour tout ce qui concerne la traîtrise et la réversibilité des vestes, saluons leur compétence.

Du coup, si j’ai bien compris les différents débats qui ont eu lieu à travers tout le territoire, il y a trois catégories de gens qui vivent en France.

1. Il y a les FIF, les Français d’Identité Française, comme moi, hu hu,

2. il y a les étrangers d’identité étrangère, que je n’apprécie pas trop mais auxquels on peut au moins concéder le mérite de la franchise en termes d’identité douteuse.

3. Et puis, il y a cette catégorie de faux jetons qui sont des Français, oui, mais avec une identité pas d’ici. Les saligauds ! Même pas eu la politesse de laisser leur culture et leur histoire avant de venir vider nos poubelles. Et il y a plus fort encore : certains ont même poussé le vice jusqu’à naître en France, parfois même de parents français, et à y passer toute leur vie - en espérant probablement qu’on ne verrait pas leur sale combine.

Heureusement, si j’ai bien compris ce que disaient dans les débats, MM Gaudin, Hortefeux ou Mme Morano : il n’est pas trop compliqué de les reconnaître :

1. le Français d’identité étrangère est souvent Arabe ou Noir. C’est d’ailleurs pourquoi l’oncle Dédé, bourré à la fin des repas de famille, finit toujours par lancer du ton des sombres évidences : « Y’en a marre des Noirs et des Arabes ». L’Asiatique est moins concerné, ne me demandez pas pourquoi. Quant au Français d’origine danoise, lui, il n’est pas concerné du tout, sans doute parce qu’il a une jolie couleurs d’yeux et de cheveux et qu’en France, peuple d’artistes, on sait apprécier les jolies couleurs.

2. Un autre indice, c’est que le Français d’identité douteuse croit que son dieu et sa religion sont les bons au lieu d’être chrétien. Il est en grande majorité de tradition musulmane et, s’il ne pratique pas parce qu’il s’en fout complètement, ça ne change rien, c’est quand même bien fait pour lui. Et puis nous, au moins, on respecte les femmes et pourtant, c'est pas facile tous les jours.

3. Dernier indice, le Français d’identité menaçante est majoritairement jeune. Il a décidé, pour des raisons qui n’appartiennent qu’à lui, d’habiter en banlieue. Il porte des souliers de sport et une casquette afin que les policiers le reconnaissent facilement et lui demandent fréquemment ses papiers car il pense que sa carte d’identité suffit à faire de lui un vrai FIF. Quel idiot.

Donc, si vous avez près de vous un individu qui correspond à ces critères, vous avez immanquablement affaire à un Français d’identité moins bonne que la vôtre. Vous pourrez l’appeler indifféremment jeune de banlieue, Arabe, Noir, musulman, voyou ou délinquant. on se comprend. Et surtout n’écoutez pas ceux qui vous disent que ce n’est pas la même chose, on s’en fout, c’est pas en coupant les cheveux en quatre qu’on fait des coupes bien dégagées derrière les oreilles.

Quant à moi, je suis fier : j’ai une identité qui sent bon le camembert et la douce odeur fade des souvenirs de Mémée pré-enterrée dans son asile de vieux.

On dirait que les choses rentrent enfin dans l’ordre en notre beau pays. Et quand on aura chassé les étrangers, les traîtres et tous ceux qui ne pensent pas comme moi, il ne me restera plus qu’à m’auto-virer.

dimanche, janvier 17 2010

F.I.F. : Français d'Identité Française / chronique N°1

Et ben moi, les filles et les gars, j'ai une putain de belle identité nationale. Et ce qui est encore plus fort, c’est que je l’ai depuis toujours mais que je n'avais jamais remarqué avant. Du jour où je l'ai su, je suis allé regarder ma tête dans la salle de bain et là, oui, indubitablement, j’avais changé : d’un seul coup, j’avais l’air beaucoup plus Français qu’avant. J’ai entendu la Marseillaise résonner dans le siphon du lavabo.

Quand je pense que j’aurais pu continuer comme ça pendant des années, à ignorer mon identité nationale… ou pire : j’aurais pu l’apprendre à la toute fin de ma vie, voire sur mon lit de mort. J’imagine bien la scène : je suis pâle mais je m’endors heureux, satisfait d’une vie honnêtement accomplie et heureux de savoir qu’on va bientôt me fiche la paix pour l’éternité gratuitement et là, un petit salopard de ma propre famille, vexé sans doute que je ne lui laisse pas le moindre kopek, me glisse à l’oreille : Pépé, je dois te dire un terrible secret : tu savais que, pendant toute ta vie, tu avais eu une identité nationale à ta disposition ? Vertige ! mon dernier soupir gâché par un immense regret. Je suis désespéré, d’un coup, je ne veux plus mourir, je m’accroche à la vie, je me débats, je bave et me demande : quoi ? Pourquoi personne ne m’a jamais rien dit ? Et je meurs dans un affreux rictus en pensant à toutes les choses merveilleuses que j’aurais pu faire avec mon identité nationale – si j’avais su.

Je remercie donc messieurs Besson et Sarkozy de m’avoir éclairé tant qu’il en était encore temps. Je mourrai moins con. Depuis ce matin, je suis donc un FIF, un Français d’identité française. J’appartiens à l’élite : je suis non seulement Français mais en plus, moi, j’ai une identité nationale. Je ne suis pas comme tous ces mauvais Français qui pensent qu’on peut se contenter d’avoir la nationalité française et pas le reste.

Ça me rappelle une époque, je ne sais plus laquelle, où il y avait les bons Français dont je fais partie, excusez du peu, et les autres qui étaient des étrangers français, sortes de traîtres et avec lesquels il a fallu un peu mettre les choses au point grâce à l’aide de nos amis allemands. Malheureusement, on dirait que ça n’a servi de leçon à personne.

Ça n'a donc servi de leçon à personne.