blabla Blanche

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mardi, janvier 26 2010

Le zip des bottes des filles / chronique N°7

panthère

Il y a un truc qui m’énerve en ce moment. Qui m’énerve vraiment. Je ne sais pas pourquoi. Il faudrait peut-être que j’en parle à mon psy parce que c’est quelque chose de vraiment anodin qui ne devrait pas me mettre dans des états pareils mais que voulez-vous ? ça m’énerve, hou putain que ça m’énerve !

Ça a un rapport avec la mode, cette manie commerciale qui pousse les gens à tenter d’être des moutons différents des autres, mais des moutons quand même - saisonnièrement tondus par les diktats industriels de pseudo artistes embagousés et qui… bref.

En ce moment, je ne sais pas si vous avez remarqué, dans la rue, il y a plein de filles qui portent des bottes. Jusque-là, rien d’anormal. Et j’ai remarqué qu’il y en avait plein avec des bottes dont la fermeture Eclair se trouve à l’extérieur, sur la face externe des mollets. Et c’est là que ça commence : il y a un petit génie qui a décidé de faire passer la fermeture éclair de l’intérieur vers l’ex-té-rieur.

Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer la face benoîte du misérable « créateur » qui a eu l’idée nullarde de faire un truc pareil. Je l’imagine en train de pousser un petit couinement post coïtal de mulot auto satisfait en savourant d’un œil gourmé l’admiration éperdue de ses ébahies collaboratrices mono neuronales, persuadé pour quelques instants d’être devenu une sorte de Picasso du vêtement de pied féminin :

« les chéries, je viens d’avoir une idée gé-nia-le : et si on mettait le zip des bottes… à l’ex-té-rieur ? Ça va être méga tendance, ça veut dire que les femmes d’aujourd’hui n’ont plus besoin de cacher leurs zip, tu vois, parce que les femmes d’aujourd’hui, elles sont libres et si elles veulent montrer le zip de leurs bottes et ben elles ont le droit parce que y’en a marre des tabous dans les prisons mentales et que il faut se révolter, tu vois, c’est comme une ode à la liberté de ton corps : tu dis aux autres qui tu es avec tes pieds et ils voient que tu es fière et rebelle comme une panthère sexuelle, parce que le zip à l’extérieur, chérie, c’est aussi une invitation au désir, ça veut dire enlève-moi mes bottes, c’est facile et prends-moi, là, tout de suite, le zip à l’extérieur, c’est mon âme qui s’ouvre pour toi et mon corps brûlant qui te désire comme un poney fougueux ».

Ensuite, il tape en gloussant dans ses petites mains replètes et il s’effondre en suant sur le canapé en cuir blanc du studio, épuisé par son audace créative. Le pire, c’est que je le vois, ce con, en train de s’éjaculer dans le cerveau, tout ému et presque inquiet d’avoir eu une idée aussi terrifiante de nouveauté : mettre le zip à l’ex-té-rieur.

Vous comprenez pourquoi ça m’énerve, maintenant ?

dimanche, janvier 17 2010

F.I.F. : Français d'Identité Française / chronique N°1

Et ben moi, les filles et les gars, j'ai une putain de belle identité nationale. Et ce qui est encore plus fort, c’est que je l’ai depuis toujours mais que je n'avais jamais remarqué avant. Du jour où je l'ai su, je suis allé regarder ma tête dans la salle de bain et là, oui, indubitablement, j’avais changé : d’un seul coup, j’avais l’air beaucoup plus Français qu’avant. J’ai entendu la Marseillaise résonner dans le siphon du lavabo.

Quand je pense que j’aurais pu continuer comme ça pendant des années, à ignorer mon identité nationale… ou pire : j’aurais pu l’apprendre à la toute fin de ma vie, voire sur mon lit de mort. J’imagine bien la scène : je suis pâle mais je m’endors heureux, satisfait d’une vie honnêtement accomplie et heureux de savoir qu’on va bientôt me fiche la paix pour l’éternité gratuitement et là, un petit salopard de ma propre famille, vexé sans doute que je ne lui laisse pas le moindre kopek, me glisse à l’oreille : Pépé, je dois te dire un terrible secret : tu savais que, pendant toute ta vie, tu avais eu une identité nationale à ta disposition ? Vertige ! mon dernier soupir gâché par un immense regret. Je suis désespéré, d’un coup, je ne veux plus mourir, je m’accroche à la vie, je me débats, je bave et me demande : quoi ? Pourquoi personne ne m’a jamais rien dit ? Et je meurs dans un affreux rictus en pensant à toutes les choses merveilleuses que j’aurais pu faire avec mon identité nationale – si j’avais su.

Je remercie donc messieurs Besson et Sarkozy de m’avoir éclairé tant qu’il en était encore temps. Je mourrai moins con. Depuis ce matin, je suis donc un FIF, un Français d’identité française. J’appartiens à l’élite : je suis non seulement Français mais en plus, moi, j’ai une identité nationale. Je ne suis pas comme tous ces mauvais Français qui pensent qu’on peut se contenter d’avoir la nationalité française et pas le reste.

Ça me rappelle une époque, je ne sais plus laquelle, où il y avait les bons Français dont je fais partie, excusez du peu, et les autres qui étaient des étrangers français, sortes de traîtres et avec lesquels il a fallu un peu mettre les choses au point grâce à l’aide de nos amis allemands. Malheureusement, on dirait que ça n’a servi de leçon à personne.

Ça n'a donc servi de leçon à personne.