blabla Blanche

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mercredi, février 24 2010

On se couche tous pour ? / Chronique N°20

Je surfais tranquillement sur Internet quand, tout à coup, une question incroyable a clignoté sur mon écran : « Votre visage sur une danette ? ».

Stupeur. Mon visage sur une danette ? Je suis resté muet ; je n’ai pas compris. J’ai pensé à un jeu de mots. Mais non, il s’agissait visiblement bien d’un pot de la marque danette avec un visage de fille dessus, il n’y avait aucun doute.

J’ai frémi. Je me suis demandé quel crime cette pauvre fille avait bien pu commettre pour être jetée de la sorte en pature à la vindicte populaire. J'ai songé avec effroi à ces criminels dont le visage s’affiche en gros dans les émissions télévisées américaines de chasse à l’homme. Un second message est apparu. Il disait simplement, « c’est possible. »

Un peu paniqué, j’ai pensé : « Té, peuchère ! je le vois bien que c’est possible, con, puisqu’il y a déjà une pauvrette qui a son visage sur une danette, té ! sauf que moi, j’ai rien fait, hé ! (quand j’ai peur, je pense en marseillais). Pour mériter de se retrouver avec son visage sur une danette, il faut avoir fait un truc grave, il faut être au moins, je ne sais pas moi, pédonazi.

J'ai soupiré. La fille s’appelait Julie. Elle était jeune, jolie et elle souriait. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle puisse être une dangereuse criminelle. Julie, pédonazie ? C’était à s’y méprendre. On ne peut vraiment plus faire confiance à personne de nos jours.

Et soudain : « tentez votre chance en cliquant ici ! » puis : « et retrouvez-vous peut-être en magasin à la rentrée. »

danette.jpg

Horreur ! Ce n’était pas une punition, c’était un jeu ! En plus, il ne s'agissait pas de se retrouver sur un seul pot - ce qui est déjà terrifiant - mais sur des centaines de milliers de danettes dans tous les magasins à la rentrée !

Il existe donc des volontaires gratuits pour mettre leur tête innocente sur des pots de danette et retrouver leur photo au rayon yaourt des supermarchés !

J’imagine la scène : c’est la rentrée et, admettons, je décide de manger une danette choco noisette. Je vois alors la photo de Julie, toute jouasse, qui me sourit sur le pot et ça me fait tellement halluciner comme situation que, soudain, je n’arrive plus à manger dans ma bouche.

La danette commence alors à couler sur mon menton tandis que j’essaie d’imaginer ce qui a bien pu pousser Julie à afficher sa tronche sur un pot de crème dessert. Je continue à manger n'importe comment et la danette coule bientôt sur ma chemise. J'en ai partout. Je me dis que Julie a dû avoir une enfance difficile, qu’elle a peut-être même subi des sévices et je commence à pleurer tandis que ma danette, mêlée de larmes, continue sa course lentement mais sûrement vers le sol de la cuisine, via le reste de mes habits.

Et alors là, flash ! Je comprends l’idée de génie. C’est de l’art ultime. Une quintescente évocation du monde moderne. Je me redresse et j'entre en transe avec de grands gestes. Andy Warhol et son concept des quinze minutes de célébrité par personne sont littéralement enfoncés ! Je trépigne d'exaltation, seul dans ma cuisine à la rentrée, tandis que ma danette choco noisette, telle une oeuvre de Pollock, gicle sur les murs :

Moi aussi, soudain, j'ai compris et, mû par une irrépressible impulsion, je VEUX avoir ma gueule sur un pot de danette à la rentrée, sur des centaines de milliers de pots de danette, sur des milliards de pots, même, je le veux de toutes mes forces, de toute mon âme.

Ce serait le sommet de ma carrière, le truc le plus fou, le plus fort et le plus pertinent que j’aie fait de toute mon existence (à la rentrée).

Du coup, j'ai cliqué, hein.

vendredi, février 19 2010

Marianne en cloque / Chronique N°18

Ce matin, je suis tombé sur une pub avec Marianne, toute de blanc vêtue et enceinte jusqu'aux yeux. Avec qui est-elle encore allé traîner, celle-là ?

Et moi qui croyais que Marianne, incarnation de la République, telle une antique Diane chasseresse, ne couchait avec personne, j'ai été très déçu. Mais bon, on dirait que la République a un peu changé, ces derniers temps. Peut-être s'est-elle laissée séduire par un quelconque bonimenteur ?

Quel est le petit saligaud qui l'a foutue en cloque ? Et pourquoi n'est-il pas sur la photo ? il pourrait au moins assumer, le gars. Moi, personnellement, Marianne, je m'en fiche, elle est assez grande : elle fait ce qu'elle veut avec son cul, comme on dit vulgairement, mais avec tous les problèmes qu'il y a en France en ce moment, est-ce que c'est vraiment le moment d'avoir un gosse ? Et avec quoi elle va l'élever, hein ? Ah, c'est sûr, c'est beau, la liberté mais bon, c'est pas en guidant le peuple qu'on boucle les fins de mois.

Ni avec des dettes qu'on élève des enfants.

Et surtout j'aimerais bien que le type qui a fait ça prenne ses responsabilités parce que, de nos jours, élever un enfant toute seule, je ne le souhaite à aucune femme. Ni à aucun enfant. Un gamin à élever, c'est quand même mieux si on est deux - ne serait-ce qu'au niveau de travailler plus pour gagner plus.

marianne Bref, je sens que c'est encore nous qu'on va payer.

Et puis il ya le message : la France investit dans son avenir. Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Que le gamin est un investissement ? Parce que vous pensez que c'est ce gamin va payer nos retraites ? Vous rêvez.

Ou alors ça veut dire qu'il faut investir dans le gamin ? certainement pas : m'en fous, moi, c'est pas mon gosse.

Je veux savoir qui est le père.

D'ailleurs, on dirait que le type qui a fait ça a laissé un indice, regardez bien la photo : normalement, Marianne porte un bonnet phrygien, un bonnet rouge, OK ? Or là, elle ne le porte plus. A la place, elle porte un bonnet blanc.

Un bonnet blanc, ça ne vous fait penser à rien ?

La République Française s'est faite niquer par un Schtroumpf.

jeudi, janvier 28 2010

Publicité pour des salons de coiffure / chronique N°8

Calmar

L’autre jour, je me promenais dans la rue (en fait, je revenais du Leader Price mais « je me promenais », c’est plus littéraire) et bref, je tombe sur une affiche publicitaire. Ou plutôt l’inverse, c'est elle qui me tombe dessus : en gros plan, une jeune femme me regardait droit dans les yeux d’un air farouche et langoureux à la fois, comme une sorte de... disons... de stripteaseuse - mais catholique.

Elle était vêtue d’une simple veste, largement ouverte sur sa poitrine nue. On voyait nettement la naissance de ses seins - qu’elle semblait avoir fort jolis – car elle avait oublié de mettre son soutien-gorge au moment de prendre la photo. Le photographe ne lui ayant pas fait remarquer, elle était donc largement à oilpé, ce qui est une grande qualité humaine pour une femme selon moi.

J’ai d’abord pensé à une pub pour une fondation contre la maladie d’Alzheimer, eu égard au soutien-gorge oublié mais non, ça ne collait pas. Et puis, il y avait un autre truc bizarre, à moitié coupé par le bord supérieur de la photo : la fille avait une sorte de calamar sur la tête. (Après examen, le céphalopode s’avéra être en fait une coupe de cheveux moderne et monumentale – plutôt onéreuse, à mon avis.)

Toujours intrigué par cette étrange absence de sous vêtements, j’ai songé qu’elle avait peut-être été obligée de les vendre pour se payer sa coupe « fruits de mer », coupe qui, au demeurant, ne donnait pas franchement envie de lui faire des papouilles à la tête pour déconner, vu la complexité du bordel. Mais bon, c’est quand même ses seins, en plein centre de l’affiche, qu’on voyait en premier.

C'était une publicité pour une chaîne de salons de coiffure au nom de son fondateur, petit artisan prospère devenu merlan industriel. Tiens ? ils mettent des nichons pour vendre des coupes de cheveux, maintenant ?

Personnellement, moi, pour vendre des coupes de cheveux, j’aurais plutôt tendance à mettre… des coupes de cheveux. Je les mettrais même en plein centre de mes affiches – quitte à mettre deux ou trois nichons dans les coins, si vous y tenez vraiment, bien que je ne voie pas trop le rapport entre se faire coiffer et se faire regarder les seins.

Mais bon, avec le marketing moderne, hein...

Et puis non, me suis-je dit, ce n'est pas possible, c’est vraiment trop bizarre : si on voit aussi bien les seins de la fille, c’est tout simplement parce que ça doit être une vraie pub de nichons : notre ami coiffeur a décidé d'élargir ses activités et il est tout simplement devenu, coiffeur-nichonneur (il y a bien des coiffeur-visagistes !). C'est ça : il a dû transformer ses salons et l'on peut désormais s'y faire coiffer les cheveux ET les seins.

Subjugué par une telle éventualité, j’ai serré mon sac Leader Price fort contre moi et je me suis remis en route en me demandant quel type de peigne on pouvait bien utiliser pour ça. Puis je suis rentré chez à la maison doucement, en imaginant le garçon coiffeur d’un tel établissement, soupesant les deux seins de sa cliente d’un œil professionnel et posant la question rituelle : « vous les avez lavés il y a combien de temps ? ».