blabla Blanche

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mercredi, février 3 2010

Be stupid / chronique N°12

Ça y est ! Enfin ! Ils ont osé ! Ça faisait des années que j’attendais ça en rongeant mon frein, certain qu’un beau jour, enfin, la vérité finirait par éclater.

Samedi 30 janvier 2010, ce que nous étions nombreux à soupçonner a été révélé à nos yeux incrédules et je l’ai vu, moi-même, plus fort que tous les complots, plus explosif que tous les Da Vinci Code. Il était devant moi, manifeste, irréfutable, limpide, moderne, drôle. Terrifiant :

le Grand Secret.

La vérité est sortie, comme toujours, de la bouche d’un enfant, car les publicitaires ne sont rien d’autres que de grands enfants – c’est pour ça qu’on les paye si cher, pour cette capacité à aller chercher au fond de nous nos pulsions, même les plus enfantines, les plus primaires, les plus inavouables, les plus sadiques anales, comme on dit en psychologie.

Le Grand Secret (de polichinelle)

Il tient en deux mots, simple, lumineux, éclatant même :

Be stupid.

(C’est le nouveau slogan d’une marque qui vend des sortes d’habits.)

Jusque-ici, la société de consommation n’avait jamais poussé sa logique aussi loin. Jusque-là, par la bouche de ses communicants, le Système s’était toujours contenté de nous exhorter à nous laisser aller, à succomber à la tentation (nommée désir), au plaisir de la possession, à suivre son instinct, à faire des folies, à acheter, vite, pour payer plus tard.

Mais la publicité n’avait jamais franchi le dernier pas, elle n’était jamais allée jusqu’au bout, n’avait jamais livré au consommateur son désir le plus ultime, son vœu le plus cher : sois stupide.

Achète. Jette. Rachète. Ne réfléchis pas. Fais ce qu’on te dit. Ferme ton livre. Allume la télé. Déséquilibre-toi. Cède à tes pulsions. Sois charnel, glouton, lubrique, cupide, vaniteux, orgueilleux, jaloux, futile. C'est délire.

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Regarde comme il est beau, comme il est jeune, comme il est parfait, mon mannequin photoshop de 16 ans sur l'affiche. Tu devrais être comme ça. Regarde comme ils sont trop chan-mé, mes pipoles. Vois comme elle te fait bander, ma bagnole. Désire. Sois frustré. Décivilise-toi. Sois une bête. Sois bête.

Be stupid.

Et tu sais pourquoi ? Tout simplement parce que c’est cool. Parce que c’est easy. Et parce que les gens qui veulent pas être cool, c’est des nazes qui se prennent la teu-tè, qui sont jamais contents et qui t’embrouillent dans ta tête avec leurs critiques à la con. Toi, tu les encules, t’en a rien à foutre, t’es en démocratie : tu fais ce que tu veux. T’es libre. T’es le roi. T’es heureux. Tes paupières se ferment. Ta gueule aussi.

Tu dors.

Nous, on s’occupe du reste.

(Putain, ça me met dans de ces états, le rosé à midi !)

dimanche, janvier 31 2010

En dessous de la ceinture / chronique N°9

Je suis profondément admiratif du quasi mongolien qui, un jour, eut l’idée de porter ses jeans en dessous de la ceinture - voire en dessous des fesses. Je ne sais pas qui c’est mais cet homme mérite toute mon admiration. Personnellement, je pense qu’il s’agit de l’un de nos amis des Etats Unis d’Amérique, grande nation qui ne fait jamais les choses à moitié, surtout en termes de connerie.

En tous cas, il fallait être quand même sacrément défoncé à la colle à rustine pour inventer un truc pareil. J’imagine la scène :

  • Oh, j’ai une idée, Man ! Comme je m’ennuie profondément in za houde, je vais porter mon jean hyper bas, maveu foqueu.
  • Oué, et alors' ?
  • Il ne tiendra plus tout seul (première super idée) et comme ça, je serai obligé de le remonter tous les trois mètres pour qu’il ne me tombe pas sur les chevilles.
  • Et alors ?
  • Et alors ? T’es con, maveu foqueu ? ce sera trop cool !
  • Ah oué, trop cool !
  • Et aussi, j’aurai l’entrejambe du jean au niveau des genoux (deuxième idée géniale)
  • Ah bon ?
  • Et oué, comme ça je serai obligé de marcher comme un pingouin, animal sexy et qui déchire grave sa race du cul, Man.
  • Ah oué, trop cool, les pingouins, sanaveubitche !
  • Enfin, on verra mon slibard dépasser (troisième idée démente), comme ça tout le monde pourra constater que je n’ai pas peur de prendre froid au cul (quatrième idée géniale).
  • Ah ben pourquoi ?
  • Comme ça, toutes les meufas verront que je suis un chaud du cul. C’est un symbole psychologique, Man, tu vois.

0920baggy.jpg

Et voilà, à partir d’un concept très simple, notre ami états-unien venait tout simplement d’inventer un nouveau look, moderne et racé, qui donnerait à ses aficionados un air mi pingouin (pour la démarche) mi babouin (pour le postérieur) ; un look qui en jetterait, tout en indiquant clairement à ses interlocuteurs que, quand on a un look comme ça, c’est pour dire que… heu… enfin… la société, ça va pas, quoi.

Tout ça.

Et le plus étonnant chez l’heureux inventeur de ce niou staïle, c’est qu’il allait bientôt trouver des milliers d’autres quasi mongoliens pour faire exactement la même chose que lui, ce qui nous donne quelques indices troublants sur cette étrange espèce homo-sapiens à laquelle nous appartenons.

Tout ça pour vous dire que lorsque je vois l’un de mes semblables marcher péniblement dans la rue, coincé dans son jean, je regrette parfois, par pure perversion, que notre grand gourou n’ait pas rajouté quelques difficultés supplémentaires, genre :

  • Man ! j’ai une idée : je vais mettre mes chaussures à l’envers, le pied droit à la place du gauche comme ça j’aurais l’air d’un pingouin, mais d’un pingouin qui boîte.
  • Ah, oué, cool, sanaveubitche.
  • Et aussi, Man, je vais retourner mon slip devant derrière comme ça je serai tout comprimé devant et je ne pourrai plus aller aux toilettes facilement.
  • (...)

Et si vous avez d'autres idées, n'hésitez pas.

Faut souffrir pour être un rebelle, maveu foqueu !

jeudi, janvier 28 2010

Publicité pour des salons de coiffure / chronique N°8

Calmar

L’autre jour, je me promenais dans la rue (en fait, je revenais du Leader Price mais « je me promenais », c’est plus littéraire) et bref, je tombe sur une affiche publicitaire. Ou plutôt l’inverse, c'est elle qui me tombe dessus : en gros plan, une jeune femme me regardait droit dans les yeux d’un air farouche et langoureux à la fois, comme une sorte de... disons... de stripteaseuse - mais catholique.

Elle était vêtue d’une simple veste, largement ouverte sur sa poitrine nue. On voyait nettement la naissance de ses seins - qu’elle semblait avoir fort jolis – car elle avait oublié de mettre son soutien-gorge au moment de prendre la photo. Le photographe ne lui ayant pas fait remarquer, elle était donc largement à oilpé, ce qui est une grande qualité humaine pour une femme selon moi.

J’ai d’abord pensé à une pub pour une fondation contre la maladie d’Alzheimer, eu égard au soutien-gorge oublié mais non, ça ne collait pas. Et puis, il y avait un autre truc bizarre, à moitié coupé par le bord supérieur de la photo : la fille avait une sorte de calamar sur la tête. (Après examen, le céphalopode s’avéra être en fait une coupe de cheveux moderne et monumentale – plutôt onéreuse, à mon avis.)

Toujours intrigué par cette étrange absence de sous vêtements, j’ai songé qu’elle avait peut-être été obligée de les vendre pour se payer sa coupe « fruits de mer », coupe qui, au demeurant, ne donnait pas franchement envie de lui faire des papouilles à la tête pour déconner, vu la complexité du bordel. Mais bon, c’est quand même ses seins, en plein centre de l’affiche, qu’on voyait en premier.

C'était une publicité pour une chaîne de salons de coiffure au nom de son fondateur, petit artisan prospère devenu merlan industriel. Tiens ? ils mettent des nichons pour vendre des coupes de cheveux, maintenant ?

Personnellement, moi, pour vendre des coupes de cheveux, j’aurais plutôt tendance à mettre… des coupes de cheveux. Je les mettrais même en plein centre de mes affiches – quitte à mettre deux ou trois nichons dans les coins, si vous y tenez vraiment, bien que je ne voie pas trop le rapport entre se faire coiffer et se faire regarder les seins.

Mais bon, avec le marketing moderne, hein...

Et puis non, me suis-je dit, ce n'est pas possible, c’est vraiment trop bizarre : si on voit aussi bien les seins de la fille, c’est tout simplement parce que ça doit être une vraie pub de nichons : notre ami coiffeur a décidé d'élargir ses activités et il est tout simplement devenu, coiffeur-nichonneur (il y a bien des coiffeur-visagistes !). C'est ça : il a dû transformer ses salons et l'on peut désormais s'y faire coiffer les cheveux ET les seins.

Subjugué par une telle éventualité, j’ai serré mon sac Leader Price fort contre moi et je me suis remis en route en me demandant quel type de peigne on pouvait bien utiliser pour ça. Puis je suis rentré chez à la maison doucement, en imaginant le garçon coiffeur d’un tel établissement, soupesant les deux seins de sa cliente d’un œil professionnel et posant la question rituelle : « vous les avez lavés il y a combien de temps ? ».

mardi, janvier 26 2010

Le zip des bottes des filles / chronique N°7

panthère

Il y a un truc qui m’énerve en ce moment. Qui m’énerve vraiment. Je ne sais pas pourquoi. Il faudrait peut-être que j’en parle à mon psy parce que c’est quelque chose de vraiment anodin qui ne devrait pas me mettre dans des états pareils mais que voulez-vous ? ça m’énerve, hou putain que ça m’énerve !

Ça a un rapport avec la mode, cette manie commerciale qui pousse les gens à tenter d’être des moutons différents des autres, mais des moutons quand même - saisonnièrement tondus par les diktats industriels de pseudo artistes embagousés et qui… bref.

En ce moment, je ne sais pas si vous avez remarqué, dans la rue, il y a plein de filles qui portent des bottes. Jusque-là, rien d’anormal. Et j’ai remarqué qu’il y en avait plein avec des bottes dont la fermeture Eclair se trouve à l’extérieur, sur la face externe des mollets. Et c’est là que ça commence : il y a un petit génie qui a décidé de faire passer la fermeture éclair de l’intérieur vers l’ex-té-rieur.

Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer la face benoîte du misérable « créateur » qui a eu l’idée nullarde de faire un truc pareil. Je l’imagine en train de pousser un petit couinement post coïtal de mulot auto satisfait en savourant d’un œil gourmé l’admiration éperdue de ses ébahies collaboratrices mono neuronales, persuadé pour quelques instants d’être devenu une sorte de Picasso du vêtement de pied féminin :

« les chéries, je viens d’avoir une idée gé-nia-le : et si on mettait le zip des bottes… à l’ex-té-rieur ? Ça va être méga tendance, ça veut dire que les femmes d’aujourd’hui n’ont plus besoin de cacher leurs zip, tu vois, parce que les femmes d’aujourd’hui, elles sont libres et si elles veulent montrer le zip de leurs bottes et ben elles ont le droit parce que y’en a marre des tabous dans les prisons mentales et que il faut se révolter, tu vois, c’est comme une ode à la liberté de ton corps : tu dis aux autres qui tu es avec tes pieds et ils voient que tu es fière et rebelle comme une panthère sexuelle, parce que le zip à l’extérieur, chérie, c’est aussi une invitation au désir, ça veut dire enlève-moi mes bottes, c’est facile et prends-moi, là, tout de suite, le zip à l’extérieur, c’est mon âme qui s’ouvre pour toi et mon corps brûlant qui te désire comme un poney fougueux ».

Ensuite, il tape en gloussant dans ses petites mains replètes et il s’effondre en suant sur le canapé en cuir blanc du studio, épuisé par son audace créative. Le pire, c’est que je le vois, ce con, en train de s’éjaculer dans le cerveau, tout ému et presque inquiet d’avoir eu une idée aussi terrifiante de nouveauté : mettre le zip à l’ex-té-rieur.

Vous comprenez pourquoi ça m’énerve, maintenant ?