Tous les 8 mars, c'est la journée de la femme. J'aime bien, moi, la journée de la femme. Ça part d'un bon sentiment. Ça nous oblige, nous les hommes, à être sympa avec vous pendant toute une journée. On peut vous offrir des pâtes de fruit, vous dire des compliments gentils et puis ça nous permet de nous excuser pour toutes les bêtises qu'on fait depuis 5000 ans, les claques dans la gueule, les voiles, les viols, l'esclavage domestique, les inégalités, le mépris tout ça, on est désolés, voilà ; on n'a pas fait exprès, pardon. On fait un bisou.

Et après, hop là ! c'est le 9 mars et la journée de l'homme peut recommencer pendant 364 jours. La vie reprend enfin son cours : ouf ! ça me déstabilise, moi, ce genre de fêtes et autres techno parades.

Alors, j'en entends déjà qui trouvent ça dégueulasse que les femmes n'aient qu'une seule journée sur 365 alors qu'elles représentent la moitié de la population. Je leur retourne la question : comment ça se fait, hein ?

Comment se fait-il que, dans la quasi totalité des pays du monde depuis 5000 ans (voire le double), les femmes soient sous domination masculine ? Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour que des peuples qui ne se connaissaient même pas entre eux aient tous eu la même idée, hein ?

Je dis : il n'y a pas de fumée sans feu ; vous avez bien dû leur faire un petit quelque chose, quand même, à tous ces gentils garçons pour qu'ils décident, sans se concerter, de vous considérer comme des demi-humain(e)s ? Si vous croyez que c'est facile de considérer sa soeur, sa femme, sa fille - et jusqu'à sa propre mère - comme de la merde, vous vous trompez : personne ne fait ça de gaieté de coeur, coyez-moi.

Il faudrait voir à se mettre un peu à notre place, au lieu de se plaindre en permanence : nous aussi, ça nous fait souffrir de devoir vous enfermer dans la cuisine avec les enfants pendant 5000 ans. On préférerait que vous veniez avec nous partager nos plaisirs simples : boire des bières, faire la guerre avec des potes et sauter d'autr.... heu... non rien.

Alors hein ? Qu'est-ce que vous avez bien pu nous faire pour qu'on soit obligés d'en arriver à ces extrémités ? C'est cette histoire de pomme avec le serpent dans le jardin d'Eden ? Peut-être : ça voudrait dire qu'en nous faisant croquer (métaphoriquement) dans la pomme de la connaissance, c'est à dire en nous faisant devenir intelligents, vous avez commis une grave erreur.

Et c'est bien ça qu'on vous reproche, justement : nous, on voulait juste rester des gros cons. On y tenait vraiment, c'est d'ailleurs pour ça qu'il en reste autant de traces aujourd’hui. Sauf qu’à cause de vous, il a fallu qu'on commence à réfléchir, qu’on invente des salades pour vous séduire, qu’on devienne courtois et qu’on arrête de péter tout ce qu'on ne comprenait pas.

Et même qu'on se lave.

Merci du cadeau. Et ben, pour vous prouver que ça n'avait pas marché, on continue à se comporter comme des gros cons avec vous depuis.

Bien fait.