Qu’est-ce que c’est encore que ces deux cons ? Est-ce qu’on n’a donc rien d’autre à foutre que d’aller traîner dans ces pays-là, quand on est journaliste à France 3 ?

L’Afghanistan, franchement ! Un pays pourri, sec comme l’œil d’un homme politique en train de trahir ses amis. Des tribus moyenâgeuses qui se massacrent allègrement pour rigoler. Des petite tentes molles de camping bleues qui marchent toutes seules en tenant des enfants par la main. Un peuple pas fair-play du tout, et qui utilise ses montagnes pelées pour empêcher les chars de nos belles armées démocratiques modernes de charger à fond de train ses hordes de bouseux en pyjama avec des bonnets ridicules. Des gourous illuminés qui envoient des gamins sauter dans des attentats suicide au lieu de venir nous le dire en face.

De la poussière en été. De la neige en hiver. Et quelques petits gars bien de chez nous qui tombent de temps à autre sur ce champ de déshonneur face à un ennemi qu’ils n’ont souvent même pas vu. Et surtout, pas le moindre people ! Pas de yacht ! Pas de Fouquet’s ! Pas de champagne !

Qu’est-ce qu’on peut bien aller chercher comme scoop, en Afghanistan alors que notre président a tant d’annonces, de déclarations et de voyages de presse à faire ici, en France ? Toute ces belles choses qui mériteraient pourtant bien plus l’attention des journaleux que ce pauvre désert sans intérêt. Quoi d'intéressant ?

Oh oui, bien sûr, il y a des soldats français qui meurent là-bas mais bon, hein, les soldats, faut bien qu’il en meure un peu de temps en temps sinon ça ne fait pas sérieux, comme conflit, ça fait paint ball. Mais de là à aller fureter en Afghanistan sous prétexte qu’on est journaliste, aucun intérêt. La curiosité, je ne suis pas contre mais alors là, franchement, c’est déplacé. On a envoyé du pognon, des soldats, on tue un peu des gens, normal, c’est la guerre et puis voilà, c’est tout. Ça intéresse les gens, ça ?

En plus, les deux cons qui se sont fait enlever, il va falloir aller les chercher, maintenant. Et ça va coûter bonbon.

Comme le disait si bien notre président, « les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore les bandits, eux, ont une morale. » Pas faux, ce qu’il dit, notre Nicolas. Du coup, ce serait quand même assez tentant de les laisser sur place, non ? On pourrait très bien laisser aux pouilleux de là-bas le soin de leur cracher à la gueule et de leur marcher dessus à notre place, non ?

Et bien, non. Sous prétexte qu’on est une démocratie, il va falloir les ramener, les deux cons, pour bien montrer qu’une démocratie repose sur la liberté d’information et que nos ressortissants, on y tient. Et puis surtout, on ne va quand même pas laisser à ces clodos le plaisir de leur marcher sur la gueule à notre place, question de standing international.

Putain ! On aurait pourtant pu leur en donner, du scoop, ici : il suffisait de demander à l’Elysée.

En tout cas, si jamais on les retrouve en un seul morceau, c’est le cas de le dire, on fera une petite cérémonie vite fait et puis hop ! on leur remarchera sur la gueule. Au prix que ça nous aura coûté, on ne va pas se gêner.